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Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/112

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IRÈNE ET LES EUNUQUES

sombre et limpide, à l’immobilité déférente de Protargyre attentif, sourcilleux sous le bandeau d’acier.

Irène se dressa :

— La clepsydre elle-même te conseille, à présent, le silence. Quant à moi je réfléchirai si les lois doivent punir ton audace, ou si ma bienveillance doit oublier les lois. Cela n’est pas une parole de pardon, mais une parole d’hésitation et d’attente.

— De menace ?

— De menace même. Maintenant souffle au dehors ce qui te reste de folie dans le crâne, ô Mesureur de l’Abyme ; et parle-moi seulement de Nicéphore César, des capitaines hostiles à mon empire, de leurs messagers. Quelles mesures a prises notre logothète du Génikon.

— Staurakios attend, pour répondre, le signe de ton Autocratie…

De la main, l’impératrice ordonna que le sourd-muet ouvrît la porte. Entra Staurakios qui dressait une haute taille sous le manteau à deux angles dont les pointes alourdies d’or lui battaient les genoux et les mollets. À sa suite Pharès se glissa qui était humble bien que logothète du trésor privé. Oublieux de ses magnifiques costumes, il portait d’habitude une sorte de toge brune ceinte par une écharpe noire, et des bottes en feutre. Là dedans il se tenait anxieux, maigre et frissonnant. Ses mains lourdes tripotaient la plaque d’émail pendue à son cou par un cordon, et qui représentait deux lions frisés tirant, l’un vers la droite,