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Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/175

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IRÈNE ET LES EUNUQUES

Sophia se prit à rire gentiment :

— Tu veux donc t’empoisonner, père de… rien…

— Lui aussi est manichéen…, dit Maximo… On l’a vu tourner dans l’Hippodrome, autour de la Spina, avec un diadème en boyaux d’âne, tout frais. Le bourreau menait le cortège.

Pulchérie se tourna vers lui :

— Abjure, eunuque. Et puis, tu me rendras mère.

— Moi aussi, hein, tu me rendras mère, dis, figue fripée… Choisis entre nous la source de ta postérité.

Et Eudoxie d’ajouter :

— Tiens, Pharès, prends cette pastèque… Elle saigne. Ça te consolera…

Pharès eut un sourire :

— À vous entendre, je me consolerais de n’être pas mâle, si jamais le désir m’en était venu.

— Euh ! euh ! fit Eudoxie, tu craches sur les perles, parce que tu n’as pas d’oboles dans ta ceinture.

L’épistate Nicéphore détourna l’entretien :

— Vois plutôt. Damianos garde la tête de la course… Distingue les sabots écarlates de ses étalons…

Tous, courant au parapet, se penchèrent. Sophia reconnut les coureurs :

— Damianos !… Photios le suit… Leurs chars se frôlent : on dirait un bruit de flammes…

— Damianos !… Il est livide au bout des rênes… il est plus bleu que sa tunique bleue.

Maximo commanda :

— Lance la couronne… il évite la borne…