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Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/174

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IRÈNE ET LES EUNUQUES

— Tu dérobes les hosties saintes, tu les réduis en poudre ; tu casses les croix en morceaux et tu les mêles à du sang de rat.

Sophia s’approche dans la majesté de son camail brodé de chiens blancs. Elle interroge ironiquement Eudoxie :

— Tu composes des remèdes païens ?…

— Afin de soigner tes pustules sarrasines ?… renchérit Maximo.

Eudoxie se tourne vers elles, les poings sur les hanches :

— Favorise-nous de ton silence, auberge à Bulgares.

Une voix, celle de Pulchérie :

— Va, va vendre ailleurs tes melons et tes oranges… N’empoisonne pas plus longtemps des chrétiennes… Ordure de Manès…

— Toi… hurle Maximo, levant son chasse-mouches de plumes roses,… Christ te pulvérisera comme tu pulvérises son corps consacré !

— Tu peux sceller ta bouche, coiffeuse de juments… réplique Eudoxie, qui veut s’éloigner.

Maximo s’avance sur elle :

— Je te coifferai avec ta corbeille, moi…

Très calme, intervient l’épistate du Cathisma :

— Là, là…, Colombe de Patras. Recule. Les quadriges courent. Ils atteignent la borne. Tu jetteras en retard ta couronne.

— Toi, la marchande,… dit Pharès attiré par le bruit,… donne-moi une pastèque fraîche, une bien rose dans le cœur…