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IRÈNE ET LES EUNUQUES

— Ne ronge pas ta barbe… bouc noir,… conseilla Maximo.

Ourmanian, piteux, revint à l’épistate :

— Ô Nicéphore, vois comme tu corromps leur esprit avec tes propos imprudents…

Celui-ci mit la main sur son pectoral :

— Je ne corromps personne : Je suis un pauvre serviteur du Palais, le dernier des serviteurs. Là !… rangez-vous… Ne bouchez pas le passage impérial…

Tout en parlant, il fit aligner les soldats de la garde. Ourmanian levait devant l’accusatrice son doigt et ses bagues :

— Sophia, tu méconnais ton ami.

Il tira de sa manche une cassette d’ivoire. Sophia simulait la défiance :

— Je n’accepte rien de toi qu’un talent d’or et je le ferai peser, fraudeur !

Mais il l’enveloppa de gestes doux :

— Écoute, belle de festins, le marchand de Bagdad aura volé mon matelot pour ce qui concerne l’agrafe. Ces Sarrasins sont devenus si impudents depuis leurs victoires sur les enfants du Christ… Mais cette cassette… Tu vois : le couvercle se lève aisément. Tu peux y mettre de la myrrhe, tes pâtes de fard, ou ta compote de gingembre… Accepte en souvenir de ton Ourmanian.

Il adressa deux baisers. Maximo prit l’objet, le retourna, le fit tinter par des pichenettes de ses beaux ongles :

— La boîte est jolie.