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Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/184

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IRÈNE ET LES EUNUQUES

— Quoi donc alors ? Me feras-tu battre de verges par tes eunuques ou aveugler par tes scholaires… ou tondre et jeter au couvent par ton patriarche Tarasios ? On dit qu’ensemble, dans les souterrains d’Éleuthérion…

Mauvais, il hésita, puis se prit à rire. Irène ne se troubla guère :

— Ose achever… ose… Tu n’oses pas répéter les calomnies que les ivrognes échangent vers la fin des orgies à tes oreilles impériales, et devant les danseuses vautrées au milieu du vin…

Surprise de le dompter, elle insista :

— Tu n’oses, mon fils… Il persiste donc encore au fond de toi un peu de la grâce que le Théos dispense aux fils imprudents, un peu de la grâce…

Elle marchait vers lui, et, par ce geste, le forçait doucement à reculer dans le Cathisma.

Peu à peu ils y rentrèrent, en discutant, seuls.

— Constantin ! mon fils !

Elle s’attendrissait :

— Constantin… fleur de mes yeux vieillis, mon enfant, mon cher enfant… oh !

Brusquement, s’étant écartée, elle se troubla, très sincère. L’empereur lui baisa la main :

— Je ne demande pas que ton âme se désole : je demande qu’elle ordonne à l’eunuque Staurakios de peser soixante talents d’or.

À voix sourde, la mère répliqua, les yeux vers le Cirque :