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Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/191

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IRÈNE ET LES EUNUQUES

qui engendra ton sang. Tu ne veux cependant pas, afin de satisfaire des prostituées et de la populace, livrer aux barbares la Pensée Romaine.

Fatigué il se libéra de l’étreinte et dit :

— Je voudrais qu’il y eût moins de lâcheté au cœur de tes ministres.

Elle s’obstina :

— Ces hommes qui te conseillent dans la débauche, ils mentent… je t’assure, ils mentent. Ils mènent au désastre, à la défaite, à la mort.

Le silence dura. Marie fit quelques pas encore et, timidement :

— Ne faut-il pas sauver Byzance de la barbarie du monde ?

Elle entourait la taille de son époux, et d’une voix adorante, murmurait :

— Oh ! si nous pouvions ensemble nous donner à cette tâche, avec nos trois cœurs, nos trois corps, nos trois vies, maître…

Il se taisait. Irène crut le convaincre :

— Compte quelle sera cette tâche ! Il faut que l’idée, l’idée seule, sans glaives, sans soldats, triomphe de la force des peuples barbares qui bruissent autour de nous jusqu’aux confins du monde, en une seule forêt de fer…

Il marcha vers la fin du couloir, vers la clarté de la loge impériale pleine de gens.

— Nous y pourvoirons, Despoïna… Marie ! Voici la splendeur parmi tes femmes.