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Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/195

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IRÈNE ET LES EUNUQUES

— Je m’enchante aussi de sa grâce. Nous ne te haïssons point.

— Tous le savent… Tu redoutes de me voir relever le destin de Byzance… Parce que les soldats m’aiment, parce que l’injustice se répare, parce que les eunuques sont réprouvés, vous accusez ma jeunesse et mes amis, toutes deux.

— J’accuse tes instincts et leur bassesse…, répliquait Irène.

— Comment chérir cette arménienne…, demanda-t-il cruellement…, cette arménienne qui abîme son corps avec des cilices, et dont les macérations flétrissent la gorge ?… J’adore la force de la vie et la splendeur de la nature… Iésous, tu nous offres la beauté pour que notre gratitude te remercie en se réjouissant… Théodote est un signe de Ta magnificence… ; je l’encenserai comme toi-même.

— Notre maître parle avec abondance,… railla légèrement Alexis… Voilà une prosopopée de grammairien érudit, ne trouves-tu pas, Nicéphore ?

L’épistate se contenta d’un geste évasif, mais Irène moqueuse :

— Tu blasphèmes, mon fils, sans manquer aux préceptes de la rhétorique. Pourquoi ta force et ton intelligence ne servent-elles que tes appétits ?

Et elle farda ces paroles d’un sourire. Marie, adorante, ajoutait :

— Le peuple se tait, tout stupide d’admiration quand passe l’empereur. Il oublie sa joie de crier…