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Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/198

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IRÈNE ET LES EUNUQUES

prétendre. Je suis un pécheur, un humble adorateur du Christ ! Seulement, aucun du palais ne l’ignore : l’impératrice a rétabli le culte des images, parce que vous tous, les orfèvres, les fabricants d’icônes, les vendeurs d’auréoles et de pierreries, vous tous, vous étiez associés pour doubler le trésor enfoui dans son palais d’Éleuthérion… Vous lui aviez imposé cette clause !

— Par la Très Illuminante Pureté, on peut le dire, les riches et les grands sont pires d’âmes que les misérables !… conclut Zoé.

— Rappelez-vous…, gronda Eudoxie…, on m’a battue de verges, attachée à la queue d’un âne, pour avoir frappé le capitaine des scholaires lorsqu’il jetait les images à bas…

Zoé, facétieuse, et qui ne redoutait pas les querelles, lui rappela :

— Sous l’empereur Léon… ?

Et toutes les spectatrices de renchérir :

— Tu comptes tes années, ma tante ?

— Et tu craches une dent à chaque grande fête !

— Et tu sèmes un cheveu à l’aube, au midi, à vêpres.

Eudoxie devint furibonde. Elle tendit le poing vers Maximo, vers Pulchérie, vers Zoé :

— Pour qu’il en pousse du foin qui vous étouffe, ânesses…

L’envoyé du Khalife passait au milieu d’elles. Toutes se rassemblèrent autour de l’émir, et rivalisèrent de minauderies.