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Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/197

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IRÈNE ET LES EUNUQUES

— Oui, puisqu’il t’admire, lui…

Enfin, elles obtinrent que l’empereur trônât. Environné par ce cortège de femmes flatteuses, il fut reprendre sa place protocolaire. Pharès, se perdait en conjectures :

— Est-ce une sainte, l’Augusta Marie, ou une de ces stryges froides qui aiment les hommes sans jalousie ?

Nicéphore, qui réfléchissait, se tut un instant, puis haussa les épaules :

— On ne sait. Je ne sais pas, en vérité. D’autre part, nous vivons dans une époque de folie et de corruption… Il y a des vents qui donnent de la démence aux peuples et aux grands ; moi, j’ai un bonnet solide, par chance…

Et tous deux éclatèrent de rire. Nicéphore regagna le pont qui reliait aux gradins publics le Cathisma.

La voix d’Ourmanian déclamait :

— J’ai perdu encore une nef que la tempête a poussée près de la montagne d’aimant.

— Vrai ?… demanda la grasse Maximo.

Du haut du gradin où il était juché, Ourmanian affirma :

— En vérité, je vous le dis. La montagne attira les clous et l’airain. Les ferrures s’envolaient pour se coller contre son flanc : alors les planches de la nef se sont disjointes : tout a péri les hommes et le chargement…

D’en bas, Nicéphore grincheux lui lança :

— Pour un pauvre, tu n’en traînes pas moins un manteau de riche… Ne t’irrite pas. Je ne veux rien