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Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/204

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IRÈNE ET LES EUNUQUES

Zoé leur glapit au visage :

— Cachez vos mufles, barbares ! Hou ! Hou ! Le trident du belluaire vous fouaillerait à travers les barreaux…

Pulchérie balançait une ordure :

— Tiens, une orange pourrie, Franc ! attrape !

Eudoxie lançait une banane :

— Si tu aimes les bananes, Latin…

La bouquetière détachait sa chaussure :

— Et l’odeur d’une sandale, bourreau sarrasin.

Narquois, Nicéphore les contint :

— Arrête, toi… ne frappe pas l’étranger.

— Saisis ces femmes, Épistate…, ordonna Clotaire majestueux… ; elles insultent le féal du roi Karl, le légat du pape et l’envoyé du calife.

Mais Nicéphore impassible :

— Je ne puis les faire saisir. Elles ignoraient vos titres, seigneurs !

— Veux-tu que je me venge moi-même ? gronda le Franc ?

La colère de l’étranger n’émut pas Nicéphore :

— Je suis un simple fonctionnaire : je puis seulement faire respecter le décret impérial sur l’ordre dans l’Hippodrome. Or, tu ne dois pas quitter ta place, Étranger, avant la fin d’une course. Si tu le tentes, les gardes t’enfermeront jusqu’à demain.

Sur un signe de sa main, les gardes remuèrent :

— Les lois romaines s’imposent à tous les Barbares !

Clotaire, fou, pensa tirer son glaive.