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Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/212

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IRÈNE ET LES EUNUQUES

manœuvre des soldats, la vitesse des chevaux, le déroulement des cortèges, la danse des femmes, les sourires fardés, ce sont les faces du Théos… Tu fus beau…, je t’honore… Et notre souper, Alexis ?…

— Tout s’apprête ! Nous aurons les hommes les plus braves, les femmes les plus belles, des fruits surprenants…

Ils allaient le long des galeries du Palais entre les murs de marbre, et suivis par les échos de leurs voix. Au-dessus des corniches et dans les voussures, les anges gigantesques des mosaïques se courbaient sur leurs propos :

— Ourmanian l’Arménien a reçu du pays d’Ophir les poudres d’émeraude pour sabler le marbre des salles.

La tête large et barbue de Théodore Camulianos saillit dans la lumière. Il annonça :

— Les soldats du Nord seront campés dans mes jardins. Tu sais, Rayon du Christ, ces mangeurs de bœuf cru ne craignent pas dix fois leur nombre d’hommes. On les enivrera avec du vin poisseux.

Le préfet de la ville ajouta :

— Je ferai clore de bonne heure les portes de Byzance. Ainsi les cataphractaires cantonnés dans Hebdomon, depuis qu’un bienheureux tremblement de terre détruisit leurs écuries, ne pourront venir au secours des eunuques.

L’empereur interrogea Nicéphore :

— Et toi, que prépares-tu ?

Nicéphore hésita :