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Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/220

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IRÈNE ET LES EUNUQUES

Ton haleine me gêne. Nicéphore, tu feras mettre du pain dans les chambres de la nouvelle prison maritime. On l’habitera sans doute avant peu. Des enfants sots et bavards l’habiteront ;… et on laissera les moineaux ridicules piailler avec eux entre les barreaux… N’oublie pas de faire porter une grenade fraîche dans chaque chambre. Je ne veux pas priver ces joyeux convives de leur espoir.

Alexis, ébaubi, balbutia :

— Oseras-tu quelque chose contre notre Empereur ?

Il avait promis d’assister au festin.

— Qui blasphème ici le nom de notre maître, s’écria violemment le Mesureur de l’Abyme… Qui donc ose dire que le Basileus, fils des Césars, se mêlerait à des bravaches imbéciles et à des courtisanes d’Hippodrome dans l’ivresse d’une orgie où se fomente la conspiration contre notre Très Pieuse Despoïna, Irène d’Athènes ? À celui qui osera le dire, à cet imposteur vil, que les yeux soient arrachés et coupée la langue, que son nom sept fois maudit meure avec le spasme suprême de son sang écoulé… Arrière, vous, soldats stupides, fuyards alertes, corbeaux de la déroute ! Christ n’est pas mort pour vous sur la Croix de rédemption, pour vous qui arrachez les yeux de ses images, lorsqu’ils sont en escarboucles et les clous de son supplice divin, lorsqu’ils sont d’onyx et d’argent ; pour vous, qui, les mains souillées du sang des moines, jetez à terre les hosties afin d’emporter les ciboires, pour vous qui détruisez les récoltes et incendiez les granges et drapez dans