Aller au contenu

Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/219

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
199
IRÈNE ET LES EUNUQUES

m’emmenait dans le donjon du pillard, vous galopiez en déroute jusqu’aux grandes galères rouges, avec vos courtisanes et vos moutons favoris. Glorieux capitaines, depuis qu’il n’est plus de statues d’or à piller dans les églises, vous combattez en montrant à l’ennemi le dorsal de vos cuirasses…

À ces mots, ils restèrent interloqués, et se bornèrent à grogner des injures immondes. Constantin eut honte. Il leur imposa le silence, puis :

— Qu’il se taise et qu’il livre le sceau !

— Rayon du Christ ! tu me punirais justement si je désobéissais à la loi.

Théodore dégaina, vert, et les yeux sanglants :

— Le sceau !… allons… ou voici, à la pointe de ce fer, la fin de ta vie !

Alexis l’encourageait :

— Prends-lui le sceau… Que ce soit un peu plus tôt, ou un peu plus tard, le glas doit sonner pour ses funérailles.

Jean laissa trembler ses os dans sa chair impassible. Il releva la tête.

Mais Nicéphore avait déjà rabattu le glaive du patrice.

— Arrête, patrice, par cette épée. Je suis ici pour empêcher la lutte dans les édifices impériaux.

Et il se plaça, devant Bythométrès, comme une protection vivante. L’eunuque souriait, méprisait :

— Christ ! Vous arrangiez déjà ma mort. Quelle hâte !… Et avant la fête des grenades, encore !… Hein, Alexis ! cache cette épée, va, et toi, Théodore, recule…