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IRÈNE ET LES EUNUQUES

Jean souriait toujours :

— Ô basileus, tu es un maître vaillant, et Dieu multiplie la force de ton bras… Mais ceux-ci n’ont-ils pas fui devant tous les barbares depuis des lustres ?

Alexis s’emporta. Du haut de sa taille, il commandait avec les cris d’un chef dirigeant les escadrons :

— Tais-toi, lâche eunuque… ou que ma colère t’éventre.

Nicéphore, sournois, tournait ses pouces en ricanant, en haussant un peu les épaules.

— Anathème sur qui insulte la grandeur du nom romain… prononça Pierre, le bras levé.

Le Drongaire de la Veille se tourna vers l’empereur :

— Ta mémoire se souvienne ! J’ai fait réparer la prison du quartier juif…

— Il n’en est pas moins vrai,… insinua doucereusement Nicéphore,… que vous avez battu en retraite, et que Staurakios, seul, est revenu, vainqueur, triompher dans l’Hippodrome.

Constantin le saisit au pectoral :

— L’eunuque, homme ignorant, avait aussi acheté la retraite des Sarrasins.

— Il s’est glorifié,… accusa Théodore,… d’une victoire acquise avec de l’or, non avec du sang.

Bythométrès, fort et ironique, croisa les bras :

— Vous, du moins, vous m’avez laissé, à Bénévent, aux mains du barbare Grimoald. Or, pendant qu’on