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Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/217

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IRÈNE ET LES EUNUQUES

— Qui résiste à la volonté de l’Empereur, je le déclare sacrilège et rebelle,… rugit Alexis en se précipitant.

Le cocher se frappa la poitrine :

— Celui qui résiste à la volonté de notre basileus, par la grâce de Dieu, maître du monde, celui-là mérite la mort.

Le Maître des Offices, levant la main, décréta :

— Le sénatus-consulte le voue à la déchéance…

Mais Jean, paisible, les dévisageait :

— Vous m’étonnez, seigneurs. Personne de vous n’ignore la fortune de Byzance, le sort des batailles où Dieu pour perdre, en leur orgueil, les Barbares, leur donna, contre nos aigles, l’avantage. Je le répète : le trésor de l’empereur Léon est demandé comme garantie par les prêteurs. Toucher à cette garantie, c’est refuser de satisfaire au traité, c’est jeter la multitude des Arabes sur les riantes vallées de Cappadoce, sur la fertilité des campagnes, sur les richesses des granges ; c’est livrer les femmes grecques à l’insulte des mécréants ; c’est perdre la grandeur du nom romain !

— Rentre en toi, eunuque, ces lâches paroles de femme, ô le plus méprisable des êtres,… proféra l’orgueil d’Alexis… Si le Khalife et son peuple veulent l’or romain, qu’ils viennent le prendre derrière nos glaives.

— Au fond de nos poitrines,… fit Damianos, qui brandit ses poings velus.

— Au manche de nos lances.

— Au bout de notre courage.

— À la crête de mes aigles,… vociféra Constantin.