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IRÈNE ET LES EUNUQUES

Despoïna, ta mère sacrée, te prie, par mon humble entremise, de reculer l’époque des largesses.

— Cela ne peut être remis. Donne ton sceau à Théodore.

Déjà Théodore avançait son mufle barbu en retenant sa simarre historiée, comme s’il eût craint de frôler l’eunuque. Jean ne bougea point la main crispée sur le sceau :

— Je le donnerai, maître, si tu n’en ordonnes pas autrement ; mais je te supplie d’observer que moi, ministre des volontés souveraines, j’agirai contrairement aux intentions de notre pieuse Despoïna, Irène, avec toi impératrice des Romains, par le décret du Sénat.

— Livre à Théodore le sceau.

— Je le livrerai donc, dès que la Despoïna m’aura relevé de sa promesse envers Sa Majesté souveraine.

— Livre-le maintenant.

— La loi s’y oppose, Rayon du Christ. Le Sénat ne permet point que le sceau soit appliqué sur un acte de donation, sans l’une et l’autre signature, celle de Ta majesté bénie et celle de notre Très Pieuse Irène dont le Seigneur protège la sagesse et les jours.

— Tu opposes à la mienne la volonté de ma mère… Réponds… Tu ne dis rien… Il ne dit rien… Voyez… il ne dit rien, en vérité…

Blêmi par la colère, Théodore déclama :

— Qui résiste à la volonté de l’Empereur est sacrilège.