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Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/233

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IRÈNE ET LES EUNUQUES

campagne nue de Saint-Mamas, par delà le Chysokéras dont le fléau ravageait les rues riveraines. Pêle-mêle, chevaux, dromadaires, mules et chiens, familles humaines, pies apprivoisées aux mains des écolières, tout ce qui respirait sur ces bords néfastes s’élança dans la campagne.

Puis le cataclysme ébranla le quartier Sphorakion proche de l’Hippodrome et de la partie du Palais Sacré qu’on nomme Octogone. L’effroi gagna les serviteurs des monarques. En Daphné, les femmes du gynécée supplièrent Irène de fuir aussi.

Eutychès présent approuva ce conseil qui donnait à l’impératrice un prétexte pour ne point assister aux châtiments des conspirateurs, pour arracher son fils à ceux qu’on n’avait pu séquestrer, comme Alexis, par crainte d’émeute militaire. Incontinent Irène et Constantin gagnèrent leur château de Saint-Mamas que déjà, dressées au hasard, les tentes des fugitifs entouraient. À se sentir éprouvés ensemble par la même catastrophe, les Byzantins s’apitoyèrent sur leur souveraine, l’aimèrent, témoignèrent de leur loyalisme tumultueusement.

Staurakios profita de cette popularité bruyante, afin d’instruire rapidement le procès de la conjuration. Il s’avéra que Pierre et Damianos avaient prétendu désigner la Sicile pour lieu d’exil à la Régente. Une lettre saisie confondit le protospathaire même avec Théodore Camulianos. Jugés, condamnés sur l’heure par les magistrats du Prétoire, ils tournèrent autour de la Spina les épaules nues et sanglantes sous les fouets