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Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/249

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IRÈNE ET LES EUNUQUES

— Tu sais… (et elle retenait l’étoile contre son visage). Il était le Maître, le Rayon du Christ… Celui qu’on ne peut pas contredire… tu sais !

— Il t’a demandé cela, Constantin ! C’est lui qui t’a demandé ?…

La pécheresse douta même.

— M’a-t-il demandé ?… Il riait… Il jouait avec mes membres… Il me touchait comme on touche une émeraude en la lumière… Il vantait mon corps… Une fois il a pris ma bouche dans sa bouche.

Marie brûlait :

— Ah ! Il a pris ta bouche dans sa bouche… Et tu ne t’es pas dérobée, et tu ne t’es pas arrachée de lui ?… Et tu vis encore ?… Là… oh !…

Elle leva la main, et la battit forcenément.

Théodote se préservait :

— Ne me fais pas tuer… Ne me fais pas tuer… Attends encore…

Alors Marie interpella le Christ de l’icone :

— Ô Théos ! c’est donc pour cette récompense que je porte ton image sur ma poitrine, et qu’un cilice râpe mes reins !… Théos !… Théos !… Tu as menti… Christ !… Christ ! tu as menti… Christ !

Et se ruant sur l’icone, elle la jeta contre terre, la brisa sous ses pieds. Théodote se releva, s’enfuit jusqu’à la baie ouverte sur l’espace :

— Oh !… oh ! Ta Vertu blasphème… oh !… oh !… Le monde va s’entr’ouvrir… Le peuple hurle… Encore un incendie !… Comme la rive flambe !… Augusta,