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Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/259

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IRÈNE ET LES EUNUQUES

Mais ils n’aiment pas la chair de ma chair, Constantin mon fils.

Elle s’accusa d’être une marâtre punie par le Ciel. Le châtiment semblait le pire : la défaite de toutes les ambitions. Dans le désastre de Constantin, s’abîmerait le prestige d’Irène. Sauver le fils c’eût été sauver les espoirs suprêmes de la mère.

Il devenait comme le symbole en vie de tout le bonheur encore possible, par miracle. Aimant son fils, elle ne cédait pas la chance dernière, elle ne cédait pas l’avenir.

Tarasios prêta l’oreille aux rumeurs du dehors :

— L’œuvre qui se brise ! La guerre va rougir le monde.

— S’ils tuent mon fils ! S’ils tuent mon fils !

Pharès tâcha d’apaiser Irène :

— Derrière cette porte, il entend peut-être ta parole, Despoïna. Laisse-moi le prévenir de ta visite pour qu’il s’effraye moins. Après, nous mènerons vers lui les porteurs d’insignes…

En ce moment le Préposite entra suivi de ceux qui disposent les ornements impériaux. Marie, tout à coup, poussa dehors Théodote en clamant :

— La prostituée doit sortir d’ici…

Et la chétive silhouette se laissa bousculer, inerte, pauvre chose tressaillante, emmaillotée de licornes écarlates. Alors tous se relevèrent devant l’icone inerte.

Pharès ouvrit une porte latérale. Les pas retentirent dans une galerie de pierre grise. On chuchotait les mêmes choses. Des gardes, au signe de Pharès, tirèrent