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Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/264

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IRÈNE ET LES EUNUQUES

mon enfant, tu trembles aujourd’hui. Tu redoutes ceux mêmes qui t’acclament. Tu connais trop leurs cœurs pour te confier à leurs cris.

L’empereur dardait des regards fous autour de lui :

— Ce sont des cris de mort et de fureur…

— Contre moi ; non contre toi,… répliquait Irène, violente… Tu as protégé les complots, accueilli les traîtres… Voici le succès de ton œuvre !

— Ta langue est perfide, Despoïna,… dit Constantin avec angoisse ;… et ta moquerie facile.

— Tu hésites à paraître devant le peuple ?…

— J’hésite ; c’est vrai… Je ne devrais pas hésiter. Il ne m’appartient plus d’hésiter.

Irène s’abandonnait à ses fureurs justes :

— Afin de connaître toute débauche, tout avilissement, tu livres Byzance aux factions des soldats iconoclastes… Salue ton œuvre, aujourd’hui. Aie le courage de ton désir. Prends les insignes, empereur des prostituées et des gitons… Cesse de blêmir, donc ! Salue ton œuvre… courageusement.

Le fils baissa les yeux :

— Les insignes !

— Oui,… insistait Irène, sur un ton ferme,… il convient de les revêtir.

Constantin vociféra :

— Ce sera une somptuosité inouïe pour la nation de Byzance. Un basileus, le bandeau contre le front, le globe dans une main, l’épée dans l’autre, et, là-dessus, sans doute, le bras levé du bourreau. Vraiment