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Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/276

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IRÈNE ET LES EUNUQUES

Alors Constantin les entendit, et aussitôt il proféra :

— Oui, je croirai l’âme de Théodote… tandis que je ne crois pas la tienne…

Irène commanda :

— Qu’on cherche Théodote !… qu’on l’amène !…

Marie se révoltait :

— Non… je ne veux pas que cela devienne clair à mes yeux… Je ne veux pas…

Elle se rua contre le vantail et tenta de tirer elle-même le verrou… Constantin la battit en l’écartant par les cheveux.

— Alors, alors, tu aimes son âme aussi… son âme aussi… oh ! oh !…

Et l’épouse retomba sur les genoux en sanglotant :

— Pleure… va… Pleure… répétait Irène, pitoyable et brusque… Tu as bu toute la coupe d’infortune… Tu l’as bue… toute…

— Et tu es ivre… ricana l’empereur très méchant.

De longs instants ils demeurèrent ainsi. Constantin essoufflé, dément, s’adossait toujours à la baie close. Sa poitrine soulevait le manteau cérémoniel à demi arraché de ses épaules.

À terre avaient roulé la sphère et le sceptre. Irène le regardait, assise de nouveau sur le siège d’ivoire le menton dans sa main. Marie se convulsait, étendue sur le marbre des dalles, en se lamentant. Contre le mur de jaspe, les eunuques se pressaient silencieux.