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Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/331

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IRÈNE ET LES EUNUQUES

vaincre, en sa présence, le patriarche sur l’urgence du divorce…

L’épouse alors suffoque :

— Ah !… ah !… Oh ! quelle faute de mes ancêtres faut-il donc expier, aujourd’hui, moi sans forces, moi sans vices, moi misérable !…

— Ne te lamente pas vainement,… dit Bythométrès, consolateur… Accepte en chrétienne la malédiction du Verbe. Tu pardonneras le mal que nous te faisons, si tu mesures la magnificence de l’œuvre au nom de laquelle tu souffres.

— Pourquoi celle-ci usurpe-t-elle mes joies,… crie Marie révoltée ;… celle-ci que j’ai choyée de mon affection de sœur…

Irène la prend à la taille et l’embrasse à la joue :

— Tu recherches ce qui augmentera ta peine.

— Si, du moins, je pouvais mourir de ma peine.

— Pourquoi mourir,… demande Jean ?… Espère devenir comme Sa Piété, et comme Ma Dignité, un esprit plus fort que ses passions. Retranche aussi de toi la bassesse de l’amour, la sottise du sentiment. Élève-toi jusque la contemplation d’une œuvre.

— Écoute. Il te montrera l’Harmonie des Forces.

Et Irène, tout en lui parlant, se fait câline, la dorlote :

— Il peuplera ton cerveau d’idées différentes, comme les gens de toutes les nations peuplent Byzance, tête du monde. Et tu sentiras des jouissances indicibles.

— Que Ton Esprit devienne la complice de notre œuvre !