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Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/330

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IRÈNE ET LES EUNUQUES

— Elle est ici,… murmure le Mesureur de l’Abyme.

Un cri furieux convulse l’épouse trahie :

— Théodote, la prostituée !

— N’insulte pas celle qui sera demain l’Augusta,… commande Irène.

Marie s’abîme encore, et frappe le sol de ses poings.

— C’est elle, c’est elle donc… Oh !… oh… Le Théos a voulu qu’elle devînt féconde encore !

Elle se roule à terre ; ses dents grincent.

— Vois, nous te supplions,… dit Irène s’agenouillant auprès d’elle, et la redressant… Lui le sacrifié, moi la sacrifiée… nous te supplions. Moi la maîtresse des Romains, j’embrasse tes genoux de sainte, moi qui t’ai tirée de l’obscur pour que tu connaisses les joies du Palais avec celles de l’amour.

— Comment avouer un crime faux ?… pleure Marie, persuadée, désespérée… Ne plus le voir aussi ; ne plus le voir jamais !… Et puis quel signe observez-vous de cette fécondité ?… Non ! Que ce soit une autre, une autre que Théodote, une autre dont il n’aime point l’âme, mais dont il aime seulement le corps !… Quel signe avez-vous de sa fécondité ?… Quel signe ?

— Elle-même prouve sa maternité… répond Irène triste de l’accabler.

Marie sanglote.

— Ta Piété se trompe !…

— Elle a prouvé sa maternité, là, devant le patriarche et les dignitaires. Les matrones appuyèrent sa déclaration, comme l’Autocrator l’avait ordonné, afin de con-