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Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/329

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IRÈNE ET LES EUNUQUES

doit compromettre le sort du monde en perpétuant la guerre intestine.

Marie frappe la terre de ses poings.

— Comment moi, chétive, puis-je, en aimant parmi les douleurs, perpétuer la guerre ?

— Tu l’as entendu,… reprend Irène persuasive… : si l’impératrice ne donne point d’espoirs lointains aux factieux, demain ils se ligueront contre notre œuvre. Ils renforceront le parti des iconoclastes ; ils persuaderont à la populace que c’est honte de s’allier au Franc ; et Byzance demeurera sans force contre les Sarrasins. Karl tournera ses armées contre nous.

— Vienne au contraire la mère d’un fils,… annonce Jean,… les factieux reportent sur l’héritier leurs espoirs. Ils s’endorment dans l’attente. Ta générosité achève l’édifice de notre œuvre. Les empires chrétiens se réunissent. Notre très pieuse Irène, veuve, peut un jour échanger son anneau avec Karl le Franc… Byzance, cerveau du monde, commande aux efforts du monde, ainsi que le désire la Loi des Choses.

Irène attire dans ses mains les mains de Marie, et lui soulève le buste, la tête penchée.

— Pèse ton destin et celui des peuples. Compare. Décide.

— Si tu t’opposes au salut des hommes, comment oseras-tu reparaître devant ta conscience ?… lui demande Jean.

Et Marie, pleine de crainte jalouse :

— Mais où trouverez-vous l’épouse féconde ?