Aller au contenu

Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/328

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
302
IRÈNE ET LES EUNUQUES

Comme elle prononce ce mot, extasiée, Jean Bvthométrès vieux et lourd dans sa bure noire, arrive sur la terrasse derrière l’esclave. Il s’arrête, et attend. Elle poursuit :

— Mes offres d’union, mes offres et mes prières, cet homme-ci les a repoussées, lui qui m’a créée toute, qui engendra mon esprit. Cet homme-ci que tu vois, Jean l’eunuque, se retrancha volontairement et par mutilation du nombre des mâles : ainsi la faiblesse de notre chair ne put trahir la grandeur de nos desseins…

Déclamant cela, elle en impose violente et superbe, radieuse de leur sacrifice.

Jean s’approche :

— Ta Piété demande son serviteur ?

La haute voix dominatrice d’Irène ordonne :

— Témoigne du sacrifice qui fut fait à notre idée du monde par ta passion et par ma passion.

— Tes paroles ne mentent pas,… affirme l’eunuque simplement.

L’impératrice s’incline alors vers le visage épouvanté de l’Augusta.

— Penses-tu maintenant que je puisse te demander un sacrifice moindre, à toi qui connus le bonheur de blêmir sous le baiser de l’époux.

— Le Théos m’éclaire !… hurle le désespoir de Marie qui s’écroule la face contre le sol.

— Que Ton Équité pèse notre œuvre !… prie Jean, sévère… Qu’elle-même juge si une passion humaine