Aller au contenu

Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/336

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
310
IRÈNE ET LES EUNUQUES

L’enfant qui frémit dans mes entrailles bénira plus tard ton aveu, et tu auras une vieillesse chérie par tous.

La suppliante se baissa. Ses lèvres, effleurèrent la robe de Marie qui, après l’avoir considérée, la releva :

— Tu ne sens pas les blessures que tu déchires… C’est toi… Laisse-moi te voir… Toi que le Théos protège, toi dont il pare la vie de toutes les félicités… La beauté t’a servie… Pourquoi enseigne-t-on que c’est un bien médiocre et périssable ?… Elle t’a donné ce que me refusent ma piété, ma vertu, tout ce que ma piété et ma vertu,… les mots dérisoires !… n’empêchèrent pas de follement souhaiter ! Ô Théos, tu promets d’écarter les tentations… Et voici : je pantèle ainsi qu’une gouje ivre, au nom de Constantin. Et voici : je rirais de joie folle si je voyais le sabre du bourreau voler sur ce col frêle, si le sang de cette femme s’épanchait et fuyait comme une horde de vipères rouges jusqu’aux coins extrêmes de la salle…

Elle repoussa Théodote et s’enfuit comme devant la peur de tuer. Mais celle-ci fut perfide :

— Crains que la démence ne justifie, en outre, le divorce !

Contre elle, Marie se rua, la saisit dans ses griffes :

— Oh ! ta bouche, ta gorge,… ce qu’il a saisi de ses mains fiévreuses… Je hais ta bouche, je hais tes mains que ses mains cherchèrent.

Effrayée, Théodote se dégagea.

— Reste loin, sinon j’appellerai.

L’Arménienne dut s’apaiser :