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Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/337

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IRÈNE ET LES EUNUQUES

— N’aie pas peur ; car il faut que je t’implore…

— Tu vois, c’est ton tour d’implorer…, risqua Théodote, doucement.

Sous l’outrage, la souveraine frissonna :

— Oui… Fais attention à mes paroles… Si je consentais à l’aveu pour que lui cesse de souffrir en te désirant, si je consentais…

— Oui, si tu consentais…

— Fais le serment, jure, que tu mèneras Constantin, tous les samedis, sur la terrasse de Chalcé, à l’heure du crépuscule. Jure sur l’icone pendue à mon cou.

— Je le jure !…

— … Et que tu prononceras mon nom, au cours d’une phrase, devant lui.

— Je le jure… en vérité.

— Et que tu feras, à ce moment précis, lâcher par ta suivante, une de ces colombes qui volent à tire-d’aile vers les îles du Bosphore, dès que la liberté leur est rendue.

Sincère et solennelle Théodote affirma :

— Je ferai cela, je le jure sur la face de Christ mort pour nous acheter.

— Ainsi, je saurai que mon image aura traversé un instant sa pensée, pendant le vol rapide de la colombe revenant à l’île où je prierai.

Attendrie, Théodote embrassait les genoux de l’Augusta :

— Ne pleure pas, afin que je ne pleure pas non plus…

— Mais si tu manques au serment,… je te le jure