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Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/354

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IRÈNE ET LES EUNUQUES

— Peuple, écoute… Que Ta Patriarcalité écoute… Écoutez, les aveugles, et vous, les muets !… mes frères… Moi l’Augusta, impératrice des Romains, je demande que le divorce soit prononcé entre Constantin, l’Autocrator, et moi. Car je me suis, depuis des jours, fiancée à Christ ; et je veux, couverte du voile, préparer le repentir de mes fautes jusqu’aux épousailles d’une bonne mort !… Ainsi soit-il…

— Tu l’entends, peuple,… hurle Constantin,… et toi, Patriarche ! Elle-même quitte Notre Majesté, elle-même renonce, elle-même se fiance à Christ… Résisteras-tu à sa volonté ?…

— Qui peut résister à la volonté du Théos,… dit Nicéphore, au peuple que les soldats chassent,… si Elle s’exprime par la bouche de l’Augusta sainte ?

Et Alexis proclame tout en assommant au hasard :

— Cet homme mange à toutes les tables… Il engraissera.

Les soldats eurent vite refoulé les plus hardis perturbateurs, enclavé dans un peloton les Aveugles et les Muets, puis contraint les femmes à se taire, à relever leurs amies, à s’aligner en ordre, tandis que le cortège impérial défilait. Les gens qui sortirent d’abord ameutèrent sur la place du Palais les badauds en leur contant l’aventure. Ils étaient encore à commenter l’événement, lorsqu’ils aperçurent Marie l’Arménienne dissimulée dans une pelisse, dépouillée de tout apparat, accompagnée de quelques esclaves hagards. Elle prit le chemin du Pelagion. Beaucoup