Aller au contenu

Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/357

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
331
IRÈNE ET LES EUNUQUES

pagande d’insubordination gagna toutes les églises orthodoxes.

Constantin se transformait au cours de cette lutte. La violence de son caractère empira. Le Bulgare ayant exigé que Byzance payât tribut, l’empereur lui fit incontinent parvenir un coffre rempli de fumier, puis courut avec sa cavalerie jusqu’à Bersinikia. Mal préparés au combat, les barbares se retirèrent dans les forêts des Balkans. C’était la seconde victoire que Constantin remportait. Il se crut invincible, intelligent et maître à jamais. Aussi rentra-t-il dans sa capitale, plein d’orgueil.

Or Platon, higoumène de Saccoudion en Bithynie, refusa de communier avec Tarasios. Son neveu, l’abbé Théodore, qualifia d’adultère l’union impériale, et recommanda partout de considérer le couple souverain comme excommunié. De cela, les eunuques du Palais s’inquiétèrent. Staurakios persuada Constantin de risquer une démarche personnelle auprès de ces religieux, de leur faire visite au monastère, pendant la villégiature de la cour aux bains de Pruse, car la multitude pieuse manifestait quotidiennement en faveur de ces moines. Maints et maints groupes de dévots venaient aux abords du cloître chanter des litanies subversives.

Dès que Constantin se fut présenté à la tête de son escorte sur le seuil du monastère que régissait Platon, les caloyers proférèrent l’anathème, renversèrent les cierges, comme il était d’usage à l’approche des