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Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/358

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IRÈNE ET LES EUNUQUES

excommuniés, s’enfuirent dans leurs cellules, et s’y verrouillèrent bruyamment. Sur l’ordre de l’empereur en rage, l’escorte se précipita. Elle les arracha de leurs retraites, et les ensanglanta cruellement par des coups d’étrivières empruntées au harnachement de ses chevaux. Sur l’heure ils furent, les uns dispersés, les autres relégués à Thessalonique avec Théodore. On incarcéra Platon au Palais Sacré, dans l’église de Saint-Michel transformée en prison. Aussitôt le légat du Pape loua la vaillance de ces saints personnages. Le peuple les admira fervemment. Afin de marquer la force de leur influence, toutes les requêtes en annulation de mariage furent retirées par leurs signataires.

Irène enferma son fils aux bains de Pruse pour calmer l’agitation.

Tout ce scandale avait encore fourni le prétexte d’une entente et d’une action concertées aux iconomaques. Ils allaient déplorant que les eunuques eussent repris le pouvoir, excitant contre ces parasites de l’État les colères anciennes du parti militaire. Les succès récents remportés sur le Sarrasin et sur le Bulgare ravivaient toutes les espérances de gloire, de triomphe, de conquêtes, de pillages, de titres nobiliaires, d’enrichissement.

La mère et le fils s’attardant à Pruse parmi les légions de l’Opsikion, elles trahirent leur hardiesse, en acclamant de mille manières Constantin. Il s’exalta, promit des guerres fructueuses. Irène dut le blâmer.