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Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/359

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IRÈNE ET LES EUNUQUES

Théodote était réellement grosse depuis février. On se trouvait au milieu de septembre. La belle-mère pouvait craindre qu’à la naissance de l’enfant, s’il appartenait au sexe mâle, toutes les oppositions se ralliassent autour de l’hoir afin de restaurer puissamment le parti redoutable. Constantin fut rappelé tout à coup pour les couches à Byzance.

Demeurés au milieu des troupes audacieuses, avec l’équipage impérial, Irène et les Eunuques se démenèrent, empressés de recruter là même des zélateurs. Pharès distribua les bons du trésor secret. Eutychès rappela profusément à tel et tel les fautes et les crimes de jadis qu’ils pensaient dans l’oubli. Aétios menaça les plus bavards. Bythométrès parla d’abondance sur la prospérité de l’empire, sur les périls d’une politique agressive, sur la nécessité de pourvoir au complément des forces armées, du trésor, afin de tenir en respect les Francs, toujours invités par le Pape à remettre l’église grecque en la domination de Rome. Sa science, son éloquence en imposèrent dans les camps et dans les citadelles. Il réussit même à faire comprendre les avantages d’une alliance avec Karl, avec ses leudes. Et sous la tente, dans les casemates, les Byzantins dissertèrent, s’allouant la suprématie universelle par l’aide des barbares d’Occident.

Ce fut une sorte de mode, d’engouement qui gagna l’esprit des officiers, des intendants, des fournisseurs, de leurs familles et de leurs prostituées. On se posait le problème sous mille formes. On discutait ferme-