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Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/36

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IRÈNE ET LES EUNUQUES

exhortations des murailles invitant la plèbe étourdie et frivole à se représenter, à chérir, à pratiquer les vertus du Fils, celles de la Très Illuminante Pureté, celles des Anges et des Bienheureux martyrs ?… N’as-tu pas enseigné que détruire les Images c’était aussi corrompre le peuple du Christos, et gouverner pour la gloire du Mauvais Principe ?… Et voici que tu viens dire à la disciple : « Gouverne le monde en brisant les Saintes Images… Laisse oublier les Archétypes dont elles sont les hiéroglyphes efficaces ! Renie la puissance de l’extase qui peut unir la méditation avec l’Abyme. Renonce à gravir l’échelle qui conduit, de science en science, vers l’Ineffable. Impose silence aux murailles qui prêchaient, par l’entremise des Images, les vertus nécessaires… Corromps le peuple du Christos, depuis le plus grossier des marchands de pois secs jusqu’au plus subtil des patriarches. Et alors tu auras agi selon ma parole, sur le trône de Constantin. Alors ce sera ma parole, la parole d’Alexandrie et d’Athènes qui retentira entre les colonnes, là où l’on proclame les édits de l’Autocrator. » Ô mon maître, ta droiture exigera-t-elle de moi que je contredise ta sagesse en sollicitant la couronne des empereurs iconoclastes ?

Irène avait brusquement développé toute cette dialectique comme une longue invective contre le caractère de Bythométrès. Maintenant elle haletait au bout de son discours. Elle redouta de l’avoir trop convaincu.