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Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/37

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IRÈNE ET LES EUNUQUES

En robe jaune collée sur ses formes, elle mesurait les prestiges de sa personne. Elle se réfugia dans le bleu du voile qui protégeait sa tête, son cou, ses épaules, sa taille ; car le soleil commençait à luire. Machinalement elle enfermait ses bras dans l’étoffe de ce voile qu’elle tordit et serra bientôt autour de ses poignets menus, de ses longues mains. Ensuite elle regarda fixement les petites croix noires peintes sur ses souliers de drap. Jean répliquait :

— Que ton astuce est divertissante, en vérité, fille des Athéniens au langage ambigu. Tu feins de ne point te rappeler ce dont nous convînmes, l’autre matin ; à savoir que le seul moyen de rétablir les Images dans Byzance, c’est de persuader l’empereur, le prince et leurs stratèges. Comment cela, puisque nul ne peut les approcher de qui la langue reste libre ? Toi, du moins, ayant abdiqué pour un temps la foi dans le culte des icones, tu pourras bientôt regretter, chaque jour, hautement, cette abdication, et disserter sur le rôle utile des Images dans l’État. Tu pourras démontrer que les soldats avides de piller les églises sans pâtir des châtiments infligés aux sacrilèges, ont seuls d’abord répandu l’hérésie fructueuse pour leurs exploits, et pour les trafics des juifs qui leur achètent les trophées. Autour de ta puissance se rangeront ceux qui détestent la brutalité des gens de guerre, leur arrogance, leurs séditions. Tous les moines qui enrichissent la solitude de leurs cloîtres en peignant la Face du Iésous sur des plaques de bois dur, marcheront vers toi,