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Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/372

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IRÈNE ET LES EUNUQUES

— Ils avaient honte de leur crime…

En chœur bavardent les commères bien renseignées, avec une profusion de détails :

— Les brutes n’osaient pas traverser la ville…

— Mon compteur d’or… dit un arménien à la robe imagée,… assure avoir vu passer les bourreaux portant les fers qui servent à crever les yeux.

— Tout le monde les a vus passer sur un dromon.

— Heu, notre pauvre Constantin !

— Courage de Byzance… !

— Demain, il rejoignait ses légions, il châtiait les eunuques… Il couvrait Byzance de gloires nouvelles.

— La magicienne… affirme une fruitière obèse… aurait disparu enlevée par un bouc noir, selon la coutume des diaboliques…

— Ah ! notre Constantin, il ne verra plus la douceur du jour !…

— Eïa, Constantin, eïa !… sanglote la foule.

Cette plainte se confond dans une grande clameur de peine. Survient Nicéphore de Séleucie qui porte le somptueux costume du Logothète préposé aux finances militaires. On se précipite vers lui, vers les serviteurs et les secrétaires :

— La Très Pieuse Irène connaît-elle l’arrivée des bourreaux ?

Nicéphore s’arrête. Le cercle se forme autour.

— Certes non !… Je la précède. Mais les coureurs craignent de traverser la foule ; et l’escorte rétrograde pour reparaître ailleurs.