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IRÈNE ET LES EUNUQUES

— Nous voulons quelqu’un semblable à tous…, expose la voix franche d’un marchand camus. Nous ne voulons pas qu’il paraisse supérieur, ou qu’il s’arroge des mérites !

— Ce sont les mulets qui traînent le mieux la litière…, risque un cocher, amateur d’apologues… Un étalon la renverse, et avec un âne elle ne bouge pas.

— Tu parles juste, toi…, approuve la cohue soudain calmée.

Alexis se résigne :

— Monte sur ces degrés, logothète. Acceptes-tu de parler en leur nom ?

— D’une part, je le ferai volontiers maintenant…, discute Nicéphore qui se retranche en un syllogisme prudent…, car les eunuques ont cessé d’être le bras d’Irène pour devenir la tête d’Irène. Mais d’autre part, je prierai, selon mon humble génie, la Très Pieuse Despoïna de redevenir la tête en gardant les bras…

— Voilà des paroles sensées… pense le nombre des ouvriers qui n’a rien compris et crachotte.

— Aimes-tu les images ou détestes-tu les images ?… propose un moine rasé.

— Réponds là-dessus. Réponds !… insistent plusieurs, ravis de cette motion simple et claire.

Hissé sur la borne, Nicéphore tousse, et commence en caressant son ventre gemmé d’escarboucles :

— Lequel de nous, hommes Byzantins, se croirait équitablement capable de résoudre une question de pareille nature ? Tant de pieux évêques écrivirent des