Aller au contenu

Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/381

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
355
IRÈNE ET LES EUNUQUES

milieu des quolibets… Il connaît le prix des perles, le cours des astres ; et il parle toutes les langues. C’est un savant !…

— Pourquoi la science me vaut-elle votre moquerie ?

Les poings aux hanches, elle lui répond :

— Nous crois-tu des enfants, pour avoir besoin d’un pédagogue ?

Remontant sa lourde ceinture de plaques, l’Arménien leur tourne un dos zébré d’or :

— Alors si la science et le courage vous déplaisent…

Quelques voix s’élèvent, dispersées :

— Nicéphore l’impartial !… Nicéphore de Séleucie !

L’arménien ôte son bonnet de feutre blanc, et il approuve, mais sans ferveur :

— Oui, c’est un homme avisé et de bon conseil.

— Il n’a du logothète…, juge Pierre…, que l’habit sans l’arrogance ; et il sait juste assez pour compter les présents qu’il vous distribuera.

— Voilà ce qu’il vous faut…, raille le Teuton aux grandes tresses, bruyamment… : Un qui n’est ni noble ni esclave, ni riche ni pauvre, ni courageux ni pacifique, ni savant ni ignorant, ni pieux ni sacrilège ; un qui n’est rien ; comme cela, il ne fera peur à personne… Ah ! ah ! ah !

— Tais-toi !… gronde la multitude furieuse dont les têtes brunes sont secouées par une rage cruelle.

— S’il pouvait, en outre…, conclut Alexis…, n’être ni homme ni femme, ni enfant ni vieillard ; il vous plairait encore mieux.