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Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/387

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IRÈNE ET LES EUNUQUES

L’enthousiasme de la foule se déchaîne. Tous en démence, s’estiment sauvés.

— Nicéphore ! Triomphent Nicéphore et Byzance ! Périssent les eunuques…

— Quel homme sensé !… confie à son voisin un brave foulon, et comme il s’exprime clairement !…

— Ce ne sont pas là les redondances des rhéteurs,… assure l’élite des manifestants, certaine et renseignée.

— Et puis… note Damianos, à demi-voix… il s’engage à ne pas exposer votre crâne aux coups.

— C’est un argument décisif auprès de bien des gens… sourit Alexis.

— Je comptais moins de lâches dans Byzance… avoue Pierre, tremblant de colère.

— Tu te trompais… soupire Alexis en baissant la tête.

Cependant des bateleurs persans se sont glissés dans la foule. L’un joue du fifre, l’autre fait danser un ours, le troisième montre un singe sur un chameau. Les Eudoxie, les Pulchérie, les Zoé aux lèvres vernies et aux voiles extravagants s’émerveillent de ce nouveau spectacle. L’attirail éblouissant des orientaux les captive.

— Maximo, ces Perses !… fait soudain l’une, en extase devant le cortège du bateleur… Tu avais déjà vu un ours de cette grosseur…

— Non, ni un singe de cette taille.

— Estime les beaux yeux du bateleur !

— Dames de l’illustre Byzance… commence le charlatan, du haut de sa chamelle… et à vous, seigneurs… salut !