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Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/386

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IRÈNE ET LES EUNUQUES

— Qu’un motif d’espérer : la grandeur de Byzance ; qu’un idéal pour nous dévouer : la perpétuité de Byzance…

— Triomphent Nicéphore et Byzance !… clame une partie du populaire ému.

— Mais vous n’attendrez pas, Romains, d’un homme humble, d’un simple logothète, d’un citoyen consciencieux, d’un fidèle serviteur de l’État, vous n’attendrez pas de lui, Romains, en un jour aussi douloureux que celui marqué par le deuil public, une démonstration de rhéteur, pleine de paroles vides et sonores…

La plupart applaudissent, très contents :

— Nous ne l’attendons pas, Nicéphore.

— Moi je propose,… hurle Damianos furieux,… de prendre vos glaives et vos lances ; si vous n’avez ni glaives ni lances, de prendre des bâtons, des briques et des torches pour nous ruer sur ce palais et délivrer notre Constantin.

— Si tu veux te faire tuer comme un fou,… objecte la courtisane, avec un geste comique,… tu n’as qu’à courir…

— Mais nous ne te suivrons pas,… terminent les rieurs saliveux.

Et Nicéphore conclut par des précautions oratoires :

— Je vous en conjure, Romains, au nom du Théos, n’offrez pas aux eunuques le prétexte d’une sédition pour vous massacrer ; mais étant rentrés chez vous avec prudence, attendez le moment de la justice. Vous connaissez Byzance. On ne désespère pas de Byzance !