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IRÈNE ET LES EUNUQUES

toute la vigueur de sa peine… Irène, tu as quitté Éleuthérion avec tes femmes, ta suite, ton équipage et tes dignitaires pour venir habiter le Palais des Empereurs, et cela plusieurs jours avant qu’on l’enlevât du camp de Bithynie. Tu savais donc que tu dominerais seule, aujourd’hui, l’empire d’Orient ; tortionnaire !

— Tortionnaire !… profèrent mille voix derrière les chaînes et les soldats.

Et la désolation de Marie s’épanche éperdument :

— Tu préparais cela, toi, toi… même quand tu passais les jours à composer des thériaques, à trier des herbes, à te baigner dans des eaux mêlées d’essence… Ô toi qui ne penses qu’à ta beauté périssable et à triompher sur l’opinion des hommes.

— Malheur à la tortionnaire !… reprend le chœur des voix dans les rues pleines de clameurs.

— Je te pardonne parce que la passion t’obsède, Marie !… gronde Irène, outragée.

— Jamais il ne fut question de supplice… jure Pharès… Cependant il fallut l’arracher aux conseils de ceux-ci qui veulent perpétuer la guerre et détruire les icones…

Marie montre les aveugles.

— Ceux-ci l’aiment mieux que vous. Ceux-ci ont souffert pour lui.

— La Sainte parle avec justice… proteste Alexis… Nous l’aimions celui que tu as condamné, Irène.

Au péril de sa vie, Damianos accuse :