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Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/418

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IRÈNE ET LES EUNUQUES

— Celui que le fer de tes bourreaux a supplicié, ton fils, le fruit de ton corps, Irène !

Au péril de sa vie, Pierre accuse :

— Le fils de Léon ! Léon, tu le fis mourir aussi par le poison que ta magie incrusta dans la couronne dont furent brûlées ses tempes.

Au péril de sa vie, Damianos accuse :

— Léon, ton époux Léon, fils du Cinquième Constantin, que tu fis empoisonner dans son camp, Irène.

Et Marie, tirant la litière par les rideaux de cuir :

— Tu reculeras jusqu’à la maison où tu as donné l’ombre après la lumière, où tu as détruit ce que tu avais enfanté. Tu t’appuieras contre le mur rouge. Prends garde qu’il ne cède par dégoût de te soutenir et que, glissant dans le sang de ton fils…

— Ah ! tais-toi.

Irène bouge, lui saisit le poing. Mais toutes les haines amassées d’Alexis, de Damianos, de Pierre, éclatent en malédictions :

— Rends nos yeux, Irène…

— Nos yeux et nos forces…

— Rends nos yeux, rends leurs langues au César et aux nobilissimes captifs dans Thérapia.

Et la haine acharnée de Marie domine les autres :

— Rends-moi Constantin, Constantin !

— Rends-lui Constantin !… hurle la ville en une seule voix qui s’échappe des maisons, de leur boutiques et de leurs toits, et de leurs balcons :

— Athénienne, rends-nous Constantin.