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Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/419

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IRÈNE ET LES EUNUQUES

— Le fruit de ton ventre, Irène, notre Constantin !

— Rends-nous Constantin ! Constantin !

— Le triomphateur des barbares, Constantin !

— Rends-nous Constantin !

Irène, en pleurs, se tord les bras :

— Il te hait, Marie, mon Constantin.

— Je l’aime, moi…

Et elle se frappe le cœur.

— Il te vouait à l’échafaud.

— Je l’aime, te dis-je : je l’aime, le beau, le courageux ; et j’ai tremblé de joie sous ses lèvres… moi !

— La sainte, la sainte, comme elle pleure !… compatissent les femmes penchées entre les candidats moroses.

— Il me hait et je l’aime…, insiste Marie qui se penche dans la litière vers Irène… Il ne te haïssait pas et tu l’as aveuglé pour un peu de gloire, toi, magicienne exécrable. Hideur de l’Hadès ! Odeur de soufre ! Toi, toi, tu l’as tué pour un peu de gloire…

Irène se débat :

— Laisse-nous ! Je n’ai pas voulu cela ; et l’angoisse de douleur m’étrangle autant qu’elle t’étrangle…

Frénétique, Marie l’attire par le manteau :

— Alors, descends de cette litière. Viens t’agenouiller sous l’icone, pour demander pardon de ta faute, pour prier avec nous.

— Que Ta Sainteté s’éloigne… conseille Staurakios à Marie qu’il écarte… La Très Pieuse ne peut quitter sa litière. Vois sa faiblesse.