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IRÈNE ET LES EUNUQUES

— Elle la quittera, elle priera, elle s’humiliera, afin que notre cri obtienne du Théos un miracle pour la guérison de Constantin.

Jean aide Pharès à enlever l’épouse qui les arrache, les griffe, les frappe et les invective :

— Que Ta Sainteté s’écarte. Ne provoque pas le scandale.

Ensemble ils détachent la malheureuse de la litière et la remettent aux caloyers.

Marie se tourne alors contre Jean, le désigne avec effroi.

— Toi, toi, tu as inspiré l’acte ! Toi, tu es l’esprit d’Irène. Elle n’est que la bouche qui exprime ton esprit de mort. Eunuque ! Elle n’est que la bouche de ta pensée. Immonde ! C’est toi, toi son cerveau, toi son maître, toi le rhéteur, toi le philosophe, toi l’enfer !

Empoigné à la gorge, le curopalate demeure impassible.

— Mes frères, mes sœurs,… annonce Marie aux caloyers :… celui-ci est le démon qui proposa le forfait. Celui-ci est l’Hadès qui force la mère à crever les yeux de son fils dans l’édifice où elle l’enfanta.

Outragé, Bythométrès reste sans colère.

— Il n’est pas un homme, il est un esprit du mal. Il est la pensée d’Irène, comme les autres eunuques sont les bras d’Irène. Il pense ; elle parle ; et ceux-ci frappent !

— Ah ! ah !… se disent les religieuses… C’est lui le démon de la magicienne.