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Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/43

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IRÈNE ET LES EUNUQUES

ma main d’enfant, par mégarde, s’appuya contre ta jambe, comme je me penchais sur les papyrus que tu étalais le long de tes genoux, ici, à cette même place couverte par l’ombre courte du cyprès, Jean !… Et depuis, depuis, tu me flaires comme je te flaire. Tu tournes autour de moi comme le chien tourne autour de la lice en folie, comme les astres tournent autour de la terre chaude qui dresse les vagues de ses océans vers le désir des cieux !…

Elle s’arrêta. Tout son corps pantelait sur le cube de pierre ; et elle criait sans découvrir son visage ni ses mains, ni même sa bouche étouffée par le voile bleu.

— Tu hurles comme la vérité, à l’heure du jugement !…

— Ah !… Tu n’ignores plus que je sais lire, à travers tes discours, le réel de toi-même, Jean Bythométrès, amant de ma jeunesse, maître de mes beautés, époux de ma vie.

Valeureuse, elle rejetait son voile, elle éclatait d’un rire joyeux ; elle courait à lui, la robe ouverte sur les lueurs de sa gorge bondissante. Il reculait encore. Les passereaux s’enfuirent du troëne, et les papillons montèrent en tourbillonnant vers le soleil.

Une seconde, les amants s’admirèrent. Les tresses d’or et de bronze, autour du visage d’Irène, de son col ardent, s’éboulaient. Le feu de ses lèvres disertes illuminait la passion de sa face rose, de ses mâchoires têtues. La robe jaune collait aux formes de ce jeune