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Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/44

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IRÈNE ET LES EUNUQUES

corps tendu vers l’amant. Plus blême qu’un pays blafard au début de l’orage, lui se domptait. De nouveau, l’ironie retroussa le sourire de sa figure contractée :

— Arrête, petite génisse imprudente… ricana-t-il… Tu prends le bœuf pour un taureau. Apprends qu’un Égyptien m’opéra le lendemain de l’heure où je sentis que ma passion pour toi romprait le joug de ma vertu… Car il ne fallait pas que le joug fût détruit. Il fallait que ma puissance te gardât vierge pour dominer l’amour confiant du prince que le Théos promettait clairement à ton destin. J’ai sacrifié mon pouvoir d’amant, afin que tu fusses, entre les mains des philosophes, le sûr moyen de leur pouvoir spirituel… Que ta pudeur réserve pour Léon le Khazar, fils de Constantin, ce que m’offrait ton instinct hâtif et puéril. Et nous régirons le sort du monde, à Byzance, puisque, sans exciter les soupçons, je pourrai toujours être un conseil à ton oreille, un signe devant tes yeux.

— Tu mens, tu mens, répliquait Irène… Tu railles mon innocence…

— Vois donc…

Ayant relevé ses vêtements, il lui montra la cicatrice de sa virilité. Alors les os d’Irène se glacèrent. Son épiderme se crispa par tout le corps. Elle se jeta contre terre. Fervemment, elle couvrit de baisers dévots les chaussures de son maître.

Il ricanait de façon stridente.

Elle pleurait le désastre de ses espoirs.