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Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/437

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IRÈNE ET LES EUNUQUES

Byzance allait être enfin la force docile de l’Esprit développé dans les âmes alexandrines, jadis, et perpétué secrètement parmi quelques familles d’Athènes. Au risque de tout, il fallait que le Paraclet dirigeât le monde par le moyen de Jean Bythométrès, d’Irène et des Grecs. Gesta Spiritus per Græcos.

Irène, du reste, inspirait à son peuple une respectueuse terreur. La mort de deux Isauriens impériaux, le châtiment de leur parentage aux yeux troués, aux langues coupées, et qu’on n’apercevait plus dans les cortèges, en somptueux costumes de patrices, de nobilissimes, d’évêques ou de Césars, tout cela frappait l’imagination de la masse. Aux soirs des samedis, les plus crédules épiaient les ombres vaguant par les jardins de Daphné, pour découvrir si la Très Pieuse se livrait, en armure en plomb, aux influences de la planète Saturne, selon des rites néfastes.

L’avril de 799 brillait. Irène calcula qu’elle pouvait s’offrir, de nouveau, le spectacle de sa puissance et de sa splendeur, dans un appareil inédit : « À la Sainte Pâque, narre l’annaliste, le second jour, l’Impératrice fit une promenade solennelle depuis les Saints Apôtres. Elle était assise sur un char d’or traîné par quatre chevaux blancs. Quatre patrices tenaient les rênes, Bardanes, stratège des Thracésiens, Sisinnios stratège de Thrace, Nicétas domestique des seholes, Constantin Boëlas ». Magnifique, immobile et muette, elle passa dans toute la ville, entre les icones exposées sur les balcons, parmi les cierges, les lampes, les feux de