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Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/440

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IRÈNE ET LES EUNUQUES

se disculpa. S’il avait pris des mesures extraordinaires, c’est que la clientèle d’Aétios l’inquiétait, et qu’il importait de lui barrer la route du trône dont elle espérait trop clairement la possession. Il prouva ce désir, cette brigue, ces intrigues d’ailleurs véritables. Il répéta son accusation d’empoisonnement. Au moins il persuada Pharès et Jean du péril que les menées d’Aétios leur préparaient.

Ceux-ci ne l’ignoraient pas. Ils s’évertuaient constamment à neutraliser, l’une par l’autre, ces deux ambitions funestes à l’avenir d’Irène. Ils avaient cru que Staurakios rompait alors l’équilibre délicat en sa faveur. Il démontra que la balance inclinait au bénéfice d’Aétios. Irène tourna son courroux contre l’ange superbe et impétueux. Un ordre indiscutable lui prescrivit de quitter aussitôt le Palais Sacré. Quand il en fut sorti, elle-même y rentra sous la protection de Nicétas.

Cet effort l’avait épuisée. Elle s’affaissa de nouveau. Quelle rage elle ressentit à ne pouvoir dompter son mal. Inutilement Pharès composait des élixirs. Quelques heures ils restituaient à l’impératrice une force fragile. Bientôt, s’habituant à leur effet, le corps ne réagissait plus sous leur énergie. Astrologues et médecins, nonnes et ermites échouèrent dans leurs soins différents. Mince, longue, le visage creusé, les bras faibles, Irène se consumait entre ses cubiculaires attentives, sous les courtines de son lit d’ivoire, ou dans les coussins de sa haute cathèdre.