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Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/441

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IRÈNE ET LES EUNUQUES

Jusqu’en février, Bythométrès et Nicéphore continrent les élans des factieux adversaires. Jean rassurait sa disciple quand elle se plaignait d’être devenue l’esclave d’une chair dolente, de livrer Byzance aux mains des fous.

Il advint qu’on se battit aux portes mêmes du palais. De ses appartements, Irène ouït le tumulte des bagarres et un refrain de la rue qui raillait son mal, sa mort prochaine. Une partie des Scholaires soudoyés par Staurakios se rebellait contre les ordres de Nicétas et contre la troupe fidèle. L’impératrice prétendit montrer incontinent qu’elle était encore en vie, et qu’il seyait d’attendre pour exiger sa couronne. Elle obligea ses femmes à la parer des lourds ornements impériaux. Moribonde, et le délire dans les yeux, appuyée sur ses filles d’honneur, elle supporta la charge de sa dalmatique, des métaux mêlés aux broderies, de la couronne double, des joyaux géants. Bythométrès, Pharès et Nicéphore furent prévenir les sénateurs de s’assembler au Triclinion de Justinien pour y convoquer, avec leurs comtes, les officiers des Scholaires et des Excubiteurs.

Irène, en dépit de tous les conseils, se présenta devant la curiosité du peuple que l’émeute attirait entre la Grande Église et l’Hippodrome. Elle espérait les acclamations usuelles. La foule garda le silence. Peut-être ce mutisme exprimait-il la stupéfaction de voir si changée la belle impératrice, la magicienne omnipotente. Subitement les amis d’Aétios qui le pré-