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Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/446

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IRÈNE ET LES EUNUQUES

désira vivement cette conclusion de ses œuvres. Au mois de mai, Jean Bythométrès s’embarqua pour la Sicile, gagna Rome, discuta sans grand succès avec les Latins. Le pape exigeait la reconnaissance de sa suprématie spirituelle par le patriarche, et même un droit de contrôle sur l’orthodoxie. Prétentions inacceptables pour le sentiment byzantin. Léon III fut là-dessus intraitable. L’ambassadeur poursuivit son voyage, franchit les Alpes, parvint dans l’École Palatine auprès du vénérable Alcuin. Il travailla tout un automne avec le jeune Eginhard qui le questionnait sur les choses de l’Orient. Mais l’eunuque jugea ces gens peu subtils dans la dialectique, et loin d’égaler les intelligences érudites de l’empire grec dont ils copiaient seulement les modes extérieures tant celles des laïcs que celles des ecclésiastiques.

Dès la deuxième audience, Karl sembla fort enclin à la déférence pour Irène. Il approuva les panégyriques composés par Jean, et qu’on lui lut. Par malheur, les prélats de Rome détenaient l’influence. Cela fut manifeste lorsque le Franc, assez mal pourvu de majesté, eut interrogé Bythométrès sur les chances de convaincre le patriarche, de le soumettre au pape. Grand, noueux et voûté, barbon, la tête massive, les sourcils en broussaille, la moustache ridiculement longue, Karl parlait vite en latin. Poliment, il se flatta d’avoir obtenu le titre de patrice, et d’être, par là, quelque peu Byzantin. Il marchait, ce jour, dans une sente de jardin, sous les sorbiers dont les