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Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/445

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IRÈNE ET LES EUNUQUES

prononça, contre Staurakios, la formule de déchéance, l’interdiction pour tout soldat d’obéir au ministre placé hors la loi. Les comtes promirent leur sanction.

À la sortie du Triclinion la foule lui fut clémente. Elle respecta le génie de cette femme, son courage qui, pour la seconde fois, affrontait les invectives d’une populace égarée.

Tout rentra dans l’ordre, et le soir même. Frappé rudement par le décret impérial, Staurakios vomit le sang dès qu’il fut parvenu dans sa demeure.

Le cœur et les poumons étaient malades. Ses médecins et ses devins familiers le rassurèrent pourtant. Ils lui promirent chaque jour et son rétablissement et son avènement à l’empire. Il languit jusqu’au mois de juin, et trépassa l’avant-veille du jour où les bourreaux punirent ses amis rebelles de Cappadoce.

Quand les choses eurent repris leur cours régulier, Jean Bythométrès jugea propice le moment de faire aboutir enfin le mariage entre Irène et le Franc. La puissance des Arabes croissait terriblement. Les forces de l’empire paraissaient devoir être, un jour, trop débiles pour résister à l’élan fanatique de l’Islam. L’idée que servirent les croisades, plus tard, occupait, depuis quelques années, l’intelligence des eunuques. Il fallait contre l’immigration d’Asie lancer les Barbares du Nord que civilisait déjà le christianisme. Unir Karl à l’Athénienne c’était simplement reconstituer l’empire intégral du Premier Constantin. Irène