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Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/444

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IRÈNE ET LES EUNUQUES

dévastait les régions lydiennes. Enfin, pour combattre Aétios, l’imprudent suscitait une révolte dans le thème de Cappadoce. Depuis que le mal la terrassait, elle, un vent de calamités soufflait sur l’empire. Bon exécuteur de sa pensée souveraine, ce ministre ne pouvait rien spontanément. Naguère, sous une direction ingénieuse, il n’accomplissait que des choses bonnes et justes. Maintenant, livré à lui-même, il perdait l’État, en refusant la collaboration du curopalate, du logothète des finances militaires, et du logothète du trésor privé. Que les comtes, que les officiers, que les Excubiteurs, que les Scholaires jugeassent entre elle et lui, entre la maîtresse et l’esclave !

Aux derniers mots de la péroraison, elle se dressa sur le trône, dans la châsse de ses hardes orfévrées. Très pâle, elle entrevoyait l’approche de la mort, et pis encore, la ruine de l’empire qu’elle avait voulu donner au Saint-Esprit afin qu’il régît indéfiniment le monde. Pareil à la cire des cierges, le visage luisait dans l’ombre des franges perlées. Les flammes de ses beaux yeux athéniens semblèrent deux feux éloignés, peut-être empruntés au soleil de l’auréole devant laquelle s’érigeait l’estrade impériale. Elles transmettaient évidemment l’éclat de la pensée divine parmi les illuminations des pierreries bénites et sacrées. Malgré ses quarante-neuf ans, Irène fut admirable en sa haine intelligente, douloureuse.

Sénateurs et officiers l’acclamèrent tant que les hérauts durent imposer silence. Ensuite, rassise, elle